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de Académie Nationale de Médecine, Yves Ville, Françoise Shenfield, et al.
Paris (FRA) : Académie nationale de médecine, 2025/07, 23p.
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La France, comme de nombreux pays développés, connaît un recul durable de la natalité. En 2024, malgré un solde naturel encore positif (+17 000), les naissances continuent de diminuer, atteignant un niveau historiquement bas, avec un indice conjoncturel de fécondité de 1,59 enfant par femme, le plus faible depuis un siècle. Cette tendance reflète un vieillissement généralisé de la population, couplé à un report important des maternités vers un âge plus avancé (31 ans en moyenne contre 26,5 ans dans les années 1970). La fécondité après 40 ans progresse, mais ne compense pas le recul global. Les raisons sont multiples. Médicalement, l’infertilité touche environ 15% des couples, souvent aggravée par l’âge croissant des projets parentaux. Si l’Assistance Médicale à la Procréation constitue une réponse, son efficacité diminue avec l’âge, son accès est inégal, et les délais sont souvent dissuasifs. La hausse de la mortalité néonatale et la saturation des services de néonatologie illustrent une crise des moyens hospitaliers. Sociologiquement, l’instabilité économique, le chômage, la crise du logement et les incertitudes géopolitiques ou environnementales freinent les intentions de parentalité. L’éco-anxiété, particulièrement marquée chez les jeunes femmes, alimente le doute sur la pertinence d’avoir des enfants. Dans ce contexte, le modèle familial évolue : recul du mariage, hausse de la monoparentalité, naissance hors union, recul du désir d’enfants nombreux, voire de tout enfant. Pourtant, le nombre d’enfants souhaités reste en moyenne de 2,27 : un écart significatif persiste donc entre désir et réalité. Politiquement, les dispositifs actuels sont jugés inadaptés. Les aides sont complexes, parfois conditionnées aux ressources, les modes de garde sont saturés, le congé parental peu attractif pour les pères. La baisse des investissements publics (de 3,6 % à 2,2 % du PIB entre 2017 et 2021) compromet l’efficacité d’une politique familiale historiquement ambitieuse. La génération née entre 2000 et 2012, issue d’un mini-rebond de natalité représente un espoir de redressement. À l’horizon 2030-2040, elle représentera une cohorte nombreuse d’individus en âge de procréer. Si les conditions sont réunies – emploi stable, logement accessible, égalité femmes-hommes réelle, soutien à la parentalité, prise en compte de l’éco-anxiété – cette génération pourrait inverser la tendance. Elle cristallise un espoir : celui d’un renouveau démographique possible, à condition de comprendre ses aspirations profondes et de répondre à ses doutes. Ce pari nécessite un projet politique cohérent, intergénérationnel et transversal. Le rapport insiste sur un nécessaire changement de paradigme : réformer en profondeur les politiques familiales, renforcer l’accès aux soins de reproduction, garantir une garde d’enfants universelle et stable, et intégrer les dimensions écologiques dans les choix de société. La baisse de la natalité n’est pas encore une fatalité, mais un signal d’alerte exigeant une réponse ambitieuse, adaptée aux réalités contemporaines et centrée sur la confiance à redonner à la jeunesse. (R.A.)
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