Résumé :
|
La crise sanitaire a fait écho à une autre scène du soin et du service, d’ordinaire moins visible, en révélant l’inestimable travail de ses protagonistes et, parmi eux, ceux qui tiennent habituellement les seconds rôles : les infirmières, les aides-soignantes, les brancardiers, les auxiliaires de vie, le personnel de nettoyage, les aides à domicile, les livreurs, les caissières, les gendarmes, les pompiers, etc. Durant cette crise, on a pu ainsi entendre différentes voix, celles des épidémiologistes et des médecins, mais aussi les voix de tous ces agents subalternes que l’on a moins l’habitude d’entendre et qui sont apparus comme des piliers de l’État social, sans lesquels notre société n’aurait pas pu tenir face à la crise. Toutes ces différentes voix contribuent au domaine du care que Joan Tronto définit comme « l’activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous les éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie » . On se souvient que le care a fait l’objet de nombreuses railleries intellectuelles et politiques parce qu’il semblait trop caritatif et qu’il prenait le contre-pied de notre obsession de la rentabilité et de la performance. Il est temps de nous demander quelle place lui accorder dans notre société, au-delà même du seul monde de la santé. Car il peut être le socle d’un humanisme nécessaire pour rester vivant, biologiquement et moralement.
|