Résumé :
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Le racisme imprègne la santé publique autant que les pratiques médicales, de manière profonde et insoupçonnée. Insoupçonnée car d’une part les victimes hésitent à se plaindre publiquement des actes discriminatoires, intériorisant parfois, en se culpabilisant, les nombreuses malveillances ou injustices ou persiflages subis. Mais aussi difficiles à quantifier, car dans nos pays influencés par le jacobinisme français, les profilages ethniques sont interdits. (…) Il s’agit d’un racisme « de fait », largement inconscient. Les inégalités s'additionnent le plus souvent, se croisent parfois. Les soignants et les soignés n'échappent pas à ce classement. Un médecin chef de service blanc, une patiente pauvre et noire, voilà une vérité sociologique et statistique. Mais il y a des femmes arabes médecins, des malades juifs venu du Périgord, des métisses et des métis, des accidentés vietnamiens, des transgenres roms. Et un plafond de verre « colorimétrique » qui double le plafond de verre lié au genre pour l’accès à des postes de responsabilité. S’il ne s’agit pas d’un racisme de haine, il s’agit d’une puissante discrimination systémique. Il n’est pas unidirectionnel, les patients expriment aussi parfois des exclusives et des rejets racistes de soignants « autres ». Et pourquoi en serait-il autrement ? Au quotidien, ce racisme passe aussi inaperçu car il est occulté par la bonne intention des acteurs qui ont le sentiment de « faire au mieux ». C'est cette complexité qu'on lira dans de nombreux articles de ce dossier. Le racisme chez les soignants étonne. Les professionnels du soin sont instinctivement perçus comme imprégnés de bienveillance hippocratique, animés d'une générosité également distribuée. C’est souvent le cas. (…) Un nouvel antiracisme émerge aujourd'hui, issu des populations discriminées elles-mêmes, de minorités venant surtout des anciennes colonies(...) (Extraits de l'éditorial de Georges Bauherz)
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