Résumé :
|
Une tradition immémoriale désigne les sens corporels selon une expression clairement définie, celle de « sens externes », l’ouïe, le goût, l’odorat, le tact, la vue. Leur rôle est précis, circonscrit : informer l’âme des événements du monde, la prévenir aussi des dangers menaçant le corps. Le mot « externe » est évocateur. Il suggère un dispositif concret, favorise une image, dessine les sens en satellites de l’enveloppe anatomique, sentinelles tournées vers le dehors. Quelle place ici pour les « informations » venues du dedans ? Quelle place pour les impressions physiques obscures, les malaises orientant le quotidien, les déplacements intimes, inattendus, curieux, ceux dont la source physique suggère des états plus que des douleurs ? Un tel univers intime et physique est présent bien sûr dans notre tradition culturelle. Il est même régulièrement évoqué. Songes, illusions, hallucinations, perceptions troublantes avec leurs indices organiques, en sont autant d’exemples. Il demeure pourtant peu interrogé, peu approfondi en tant que tel, expériences banales inexplorées, sensations internes négligées, sinon pour dire la seule douleur.
|