Titre : | La santé-travail au prisme de ses enjeux psychosociaux [dossier] (2022) |
Auteurs : | Marielle Poussou-Plesse |
Type de document : | Article |
Dans : | Revue française des affaires sociales (n° 4, octobre-novembre-décembre 2022) |
Pagination : | pp. 3-236 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Santé au travail ; Santé mentale ; Service public ; Secteur social ; Accompagnement social ; Plateforme de services (PFS) ; Hébergement temporaire ; Agent public ; Risque psychosocial ; Psychopathologie ; Trouble bipolaire ; Chômage ; Management ; Psychiatrie ; Soignant |
Résumé : |
Au sommaire de ce dossier : - Avant-propos.
- I- Santé mentale au travail et missions de service public - I - 1 - Les plateformes d’accompagnement social en hôtel social : une organisation du travail déstabilisante pour les professionnelles de l’accompagnement : À partir d’une recherche doctorale, cet article aborde les liens entre les évolutions organisationnelles dans le secteur social et le malaise ressenti par les professionnelles de l’accompagnement social. À partir d’une enquête ethnographique sur une plateforme d’accompagnement social à l’hôtel francilienne, il démontre d’abord comment le déplacement régulier des équipes, couplé aux demandes de restitution d’activité donne lieu à la multiplication des sources d’intensité du travail (demandes extérieures, pressions hiérarchiques, désorganisation temporelle de l’activité, tensions avec le public). Dans un deuxième temps, l’analyse se porte sur les conséquences de ces évolutions organisationnelles sur le vécu du travail. On montre comment le contexte hôtelier affaiblit le sens des accompagnements sociaux et conduit les travailleuses sociales à réaliser des tâches qui leur sont déléguées par divers partenaires du dispositif d’hébergement, créant un sentiment de dévalorisation de leur position. Enfin, dans le contexte de crise sanitaire, les modalités d’intervention font émerger la question de la fragilisation du collectif de travail et de son caractère potentiellement durable. - I - 2 - La santé mentale des agents publics face à l’intérêt du service : Il apparaît aujourd’hui évident que la protection de la santé mentale des agents publics est dans l’intérêt d’un fonctionnement régulier et continu du service public. L’étude du contentieux administratif relatif aux risques psychosociaux des agents conduit cependant à remarquer que la notion juridique « d’intérêt du service » se retrouve systématiquement opposée aux arguments des agents qui contestent, devant le juge administratif, leurs conditions de travail ou des mesures individuelles. Dans ce contexte, cette notion apparaît utile mais également ambiguë et fuyante. Elle permet tout d’abord de délimiter de manière négative le harcèlement moral. La mesure prise dans l’intérêt du service exclut qu’il puisse s’agir de harcèlement. L’intérêt du service suppose de rechercher la volonté de l’administration alors même que la jurisprudence réfute, par principe, toute démarche subjective dans la caractérisation du harcèlement moral. Cette notion contribue ensuite à l’identification des sanctions disciplinaires déguisées. Il s’agit cependant d’un critère d’identification relativement instable au point de se demander s’il ne serait pas simplement plus simple de s’en passer. - II - Mises en travail du trouble psychique - II - 1 - Troubles bipolaires et situation d’emploi : une étude à partir de données administratives françaises : Cette étude s’intéresse à la situation d’emploi des personnes vivant avec un trouble bipolaire diagnostiqué et pris en charge dans le cadre d’un protocole de soins de longue durée, en mobilisant des données administratives couvrant la période de 2000 à 2015. La population d’étude est constituée de 674 personnes ayant ces troubles incluses dans le dispositif des affections de longue durée (ALD), âgées de 25 à 50 ans lors de cette inclusion. Nos résultats portent tout d’abord sur leur situation d’emploi au cours des huit années qui précèdent l’entrée en ALD. Ils mettent en évidence, parmi les personnes bipolaires, plus de situations d’emploi heurtées, marquées par des périodes de chômage, par comparaison à la population de témoins. Cela peut traduire un retentissement négatif de ces troubles sur la situation d’emploi avant l’entrée en ALD. Néanmoins, des événements de vie ou des facteurs de vulnérabilité au cours de ces années ont pu augmenter le risque de bipolarité et affecter la situation d’emploi, tandis que des parcours d’emploi marqués par le chômage et la désinsertion professionnelle ont pu également constituer des facteurs déclencheurs de l’apparition ou de l’aggravation des troubles. Ensuite, l’analyse de la situation d’emploi des personnes bipolaires après l’entrée en ALD suggère que ces troubles ont des effets négatifs importants sur les parcours d’emploi, persistants dans le temps. Cette étude souligne l’importance de mettre en œuvre et de développer des interventions dédiées à améliorer la situation d’emploi des personnes vivant avec un trouble bipolaire. - I - 2 - Chômage et santé fragilisée : dynamiques des parcours de travail et de santé et processus de reconstruction de soi – Une recherche-action : La santé des personnes au chômage dépend non seulement des effets de la privation d’emploi et des facteurs favorisant ou non l’accès à un emploi, mais aussi des trajectoires de santé et de travail en relation réciproque. Notre recherche-action, dans une visée qualitative et diachronique, étudie les formes de cette interrelation travail/santé telle que les chômeur·euse·s en reconstituent l’histoire au sein d’entretiens ou au cours d’un accompagnement en atelier collectif. Elle se penche également sur les dynamiques favorisant ou empêchant, au chômage, un travail de santé qui restaure les processus visant « l’aller mieux », en quête d’un certain bien-être physique, psychique et social. Nous dégageons trois types de parcours « travail et santé » caractérisés par une santé « sacrifiée », une santé se dégradant dans un contexte de précariat et une santé fragilisée sur fond de désinsertion professionnelle chronique, données complétées de l’étude de parcours de dégradation ou de restauration de la santé au chômage. Avec les parcours accompagnés en atelier, nous montrons comment des réinsertions professionnelles sont possibles en donnant une place centrale aux activités et aux ressources collectives construites par des personnes à la santé fragilisée. - II - 3 - L’appréhension des troubles psychiques chez un intermédiaire du marché du travail. Diagnostic profane et bifurcation dans l’accompagnement des chômeurs : Alors que les problèmes de santé mentale en lien avec le travail font l’objet d’une attention accrue depuis quelques années, comment sont-ils abordés par les structures d’accompagnement des chômeuses et chômeurs ? Cet article renseigne le traitement réservé à la question des troubles psychiques au sein du service public dédié aux demandeurs d’emploi en situation de handicap. L’étude s’appuie sur une enquête ethnographique menée dans trois structures et explore l’impact de la variable organisationnelle sur l’appréhension des troubles psychiques au sein de ces structures. Elle montre notamment comment les conseillères et conseillers, guidés par des objectifs de résultats et par leurs expériences professionnelles difficiles auprès des personnes déclarant un handicap psychique, tentent de repérer la présence de troubles psychiques chez les usagers déclarant d’autres types de handicap. Ce diagnostic profane de troubles psychiques peut orienter les usagers concernés vers des prestataires spécialisés en santé mentale, avec des conséquences variées à la clé. - III - Régulations du travail et de ses organisations - III - 1 - Le management, un déterminant des liens entre organisation du travail et santé mentale en jurisprudence : L’objectif de l’étude est d’analyser comment la jurisprudence contribue au contrôle du management et des organisations du travail, délétères pour la santé mentale des salariés. Cette question est appréhendée à travers les principes juridiques mobilisés par les juges du droit (jurisprudence de la Cour de cassation), mais aussi les solutions proposées par les juges du second degré (jurisprudence des cours d’appel). À partir de la jurisprudence « Snecma » de 2008, l’analyse examine certains contentieux civils dans lesquels les juges contrôlent les pratiques - III - 2 - Derrière le masque du consensus… Analyse des divergences syndicales autour des enjeux de santé mentale au travail : Cet article questionne le positionnement revendicatif des organisations syndicales de salariés sur les enjeux de santé mentale au travail en mobilisant les principaux résultats d’une enquête sociologique menée, au niveau confédéral, auprès des responsables de la santé au travail et de la formation d’une dizaine de syndicats, ainsi que sur une étude documentaire (documents de congrès, presse syndicale, sites internet). Il montre qu’aussi structurantes que puissent être les lignes de fracture « traditionnelles » instituées sur les enjeux économiques comme l’emploi ou les salaires, ces oppositions s’avèrent peu opérantes pour comprendre les divergences et convergences en matière de santé mentale, aussi bien dans la manière de désigner les facteurs explicatifs de ces risques de santé – notamment le rôle joué par l’organisation du travail et le management – que de nommer les risques eux-mêmes. Ces clivages ressurgissent toutefois nettement concernant la définition des modalités d’action et, surtout, des finalités poursuivies à travers elles. Les positions syndicales s’ordonnent alors selon un continuum allant du projet de convergence avec les employeurs à la nécessité de construire des rapports de force pour obtenir des avancées sur le sujet. - III - 3 - Santé mentale au travail des soignants de psychiatrie : un détour réflexif sur les enjeux épistémologiques et institutionnels de la recherche RPSY : La recherche RPSY vise à explorer les liens entre pratiques de soins, notamment l’usage de la contrainte (isolement, contention), risques psychosociaux (RPS) et santé mentale au travail des soignant·e·s de psychiatrie adulte dans huit établissements publics de santé mentale (EPSM). Les critiques dont la démarche participative et le protocole de recherche proposés ont été l’objet sont révélatrices des débats et controverses entourant la production de connaissances sur la santé mentale au travail, entre approches compréhensives versus objectivistes. Une manière d’en tenir compte a été d’engager une étude préliminaire afin de questionner le sens de l’engagement des établissements dans cette recherche, leurs motivations et les attentes. C’est l’objet de cet article qui se propose d’analyser les enjeux institutionnels soulevés par cette recherche. L’analyse des entretiens réalisés permet de mettre en lumière les difficultés, les limites et les enjeux d’une politique de prévention des RPS, particulièrement sensible au sein des établissements, source de tensions et divisions entre les partenaires sociaux et les directions, témoignant d’une difficile coopération susceptible d’en affaiblir la portée. - III - 4 - [Point de vue] Le risque psychosocial nous conduit à repenser l’accident du travail et la maladie professionnelle. |
En ligne : | https://www-cairn-info.ehesp.idm.oclc.org/revue-francaise-des-affaires-sociales-2022-4.htm |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|---|
090487 | RFAS | Périodique | Rennes | Magasin | Empruntable Disponible |