Résumé :
|
Considérer l’innovation comme l’option incontournable de tout système organisationnel en proie aux transformations importantes de son environnement semble être devenu un raisonnement dominant aujourd’hui, et ce d’autant plus que partout sévissent des crises de multiples natures. Il n’est pour autant pas toujours opportun de promouvoir une logique d’innovation « à tout prix », sans prise en compte des conditions de réussite ou des facteurs de pertinence. (…) Dans le champ de la santé en particulier, une approche dosée des processus d’innovation, basée sur une prise en compte des facteurs sanitaires, sociaux, économiques, organisationnels et culturels, ainsi que sur un pilotage approprié du changement, s’avère sans doute préférable. Il s’agit alors de s’appuyer autant sur des objectifs de stabilisation des acquis que sur des transformations visant à relever les défis nouveaux, de telles approches pouvant aider à la conciliation entre exploitation et exploration prônée par des théoriciens des organisations. C’est dans cet esprit que l’innovation dans les systèmes de santé, en termes organisationnels, numériques, ou stratégiques, a été entendue dans ce numéro, avec des travaux qui s’intéressent aux enjeux et aux impacts de ces diverses formes d’innovation pour l’amélioration des prises en charge. De nos jours en effet, de multiples incitations à l’innovation apparaissent de toutes parts dans le secteur de la santé. L’effet de la crise pandémique dans le monde a d’ailleurs encore renforcé la prise de conscience des vulnérabilités des systèmes en place et mis en exergue les divers besoins de transformation ou de réforme. En particulier, dans le domaine de ce que l’on a pris l’habitude d’appeler la transition digitale, les discours, analyses et pratiques autour de la télémédecine, de la e-santé, ou de la santé connectée, sont en plein développement. (…). L’intelligence dont il est question ne concerne pas seulement l’usage d’objets technologiquement évolués, mais peut relever d’une refonte plus complète de la conception des prises en charge et de la manière de percevoir le patient lui-même, conduisant ainsi à considérer l’innovation dans une approche plus large que celle centrée sur la digitalisation. Le choix d’une focale plus approfondie dans le domaine de la santé mentale pour les travaux présentés ici est quant à lui loin d’être anodin, car il s’agit d’un secteur aux parcours complexes et aux besoins toujours spécifiques. Si l’on reconnaît de plus en plus à l’usager sa capacité à être une partie prenante à part entière dans son parcours de soins, la prise en compte des spécificités des démarches et des droits pour les usagers en santé mentale n’est pas toujours aisément assurée, et mérite une attention complémentaire. Le fonctionnement des structures sanitaires, médico-sociales ou sociales dans ce secteur nécessite également un regard particulier, notamment sur les besoins de coordination et le rôle des parties prenantes. Dans ce contexte, le développement d’innovations organisationnelles et numériques présente des enjeux et défis spécifiques. (Extraits de l'éditorial de A. Bartoli)
|