Résumé :
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La pandémie de Covid-19 a son origine dans un phénomène biologique constant mais assez rare : l’émergence de maladies infectieuses d’origine zoonotique dans les populations humaines. L’agent d’une maladie infectieuse animale ou zoonose dépend pour sa multiplication et sa dispersion d’une espèce-hôte sauvage à laquelle il s’est adapté au fil de l’évolution et qui constitue le réservoir de la maladie infectieuse correspondante. En cas de modification durable du biotope de cet hôte initial, la biocénose associée migre avec sa flore pathogène vers un nouvel habitat, ce qui offre à l’agent pathogène l’opportunité de changer d’espèce-hôte animale. Si cette migration l’introduit dans l’environnement humain, l’agent infectieux peut passer à l’homme ou bien à une espèce sauvage commensale ou domestique qui servira d’hôte intermédiaire. Ce mécanisme écologique met en jeu des interactions multiples et complexes qui se traduisent par un lien direct entre érosion de la biodiversité et augmentation de la fréquence de ces émergences chez l’humain. Les pratiques humaines à risque sont un facteur favorisant supplémentaire qui relève de l’environnement socio-économique. L’ensemble détermine la distribution de territoires d’émergence sur la planète. Les maladies chroniques et les vulnérabilités psychosociales sont un facteur humain supplémentaire qui fait craindre une aggravation du phénomène. Pour pouvoir mener une action ciblée de repérage et d’arrêt d’un début d’épidémie de maladie infectieuse encore inconnue, il faut être capable de prévoir quel pathogène a le plus de chance de constituer une menace et dans quelles régions du globe. C’est un problème scientifique difficile qui nécessite une vision holistique, de type « Une seule santé », décloisonnant santé animale, santé humaine et santé des écosystèmes et une démarche transdisciplinaire faisant la part belle à l’écologie microbienne des maladies infectieuses, à la biologie de l’évolution et aux sciences humaines. (R.A.)
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