Résumé :
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Ce numéro d’Esprit a voulu explorer ce que l’événement nous fait. Il s’attache d’abord à l’expérience singulière suscitée par l’épidémie, celle du confinement, du bouleversement de tous nos rythmes et rites, de la transformation profonde – y compris sensorielle – de notre rapport au monde. La maladie en touche certains, mais nous nous découvrons tous vulnérables, face à un virus contre lequel aucun vaccin ne protège encore. La mort fait irruption dans de nombreuses familles, d’autant plus violemment qu’il n’est plus possible d’accompagner les morts. Et pour qui voudrait se tourner vers son Dieu, les rituels collectifs sont impossibles. De tous ces bouleversements naît comme un « désir de guérison », qui déborde la maladie et interroge en profondeur nos existences. Certains auteurs, comme Hobbes ou Foucault, fournissent des clés d’interprétation. La relecture de certains épisodes historiques, comme la peste de Marseille en 1720, nous éclaire. Mais l’événement présent débordant toujours ce que nous sommes capables d’en dire au moment où il survient, c’est d’abord à un exercice d’humilité qu’il nous convoque, exigeant de nous de la patience. Enfin, si nos mouvements sont contraints, notre imagination ne l’est pas. Et dans un présent confiné, elle se tourne spontanément vers l’avenir : pour le craindre et s’interroger anxieusement sur le monde de l’après-Covid ou pour chercher à le refonder.
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