Résumé :
|
Ces dernières années, le terme de populisme et l’adjectif qui en découle ont davantage fonctionné comme des anathèmes, en particulier dans des cercles dits libéraux. Mais on a vu également des mouvements ou des dirigeants s’en revendiquer, à gauche comme à droite du spectre politique. Repoussoir pour les uns, mobilisateur pour les autres, le mot est devenu un fétiche. À y regarder de plus près, on constate que la notion de populisme entretient, en creux, des liens étroits avec celles de démocratie et de représentation. Sont en effet qualifiés de populistes des dirigeants ou des mouvements autoritaires, antidémocratiques. Plus souvent encore, est nommé populisme ou populiste ce qu’il serait plus juste d’appeler démagogie ou démagogue. Des dirigeants ou des mouvements qui singent la vie démocratique (réduite au principe majoritaire) vident ses institutions de leur substance et contestent le principe même de représentation. Bien plus que la négation de la démocratie, le populisme joue alors comme un révélateur de ses dysfonctionnements, de ses impasses. Quoi qu’il en soit, dans des régions aussi différentes aujourd’hui que l’Europe de l’Est, les États-Unis, l’Inde ou la Turquie, on compte de plus en plus de leaders nationalistes, en particulier de droite ou d’extrême droite, qui se retrouvent dans leur mépris de l’État de droit, le rejet du pluralisme, la xénophobie et l’incitation à la violence. Loin de ne représenter qu’une hypothétique menace, ils mènent des politiques qui ont déjà des effets concrets et se renforcent les uns les autres. Est-ce le populisme chez eux qui dérange ? Ou autre chose ? La question a son importance. Mais il y a également urgence à faire front contre cette façon de faire de la politique.
|