Résumé :
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Le thème de la peur reste tabou. Reconnaître avoir peur, ce serait faire aveu de faiblesse, voire d’incompétence. Ce serait en tout cas indigne d’un «professionnel» duquel on est en droit d’attendre, précisément parce qu’il est un professionnel, un minimum de maîtrise de soi et de courage. Pourtant, les raisons pour lesquelles un médecin ou un soignant sont susceptibles d’être submergés par la peur sont multiples. Certaines d’entre elles sont de circonstance, d’autres sont davantage structurelles. (…) Les circonstances anxiogènes sont à ce point multiples qu’on peut raisonnablement douter qu’il se trouve un seul soignant qui soit épargné. Par contre, les réactions face à la peur sont multiples. On peut les regrouper en deux catégories: soit la peur est refoulée, et en ce cas la personne concernée a réellement le sentiment d’être épargnée; soit au contraire, la peur s’est installée et finit par l’emporter. Dans ce dernier cas, ou bien la personne tétanisée, «morte de peur» restera figée sur place, incapable de réagir et d’exercer son métier ou de se rendre sur son lieu de travail, ou bien au contraire sous le coup de la panique, elle fera n’importe quoi en mettant en danger le patient, ses collègues et elle-même. Dans les deux cas, elle n’est plus apte à exercer son métier, et donc à s’occuper des autres.
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