Résumé :
|
L’ensemble des articles réunis dans ce dossier souligne que les acteurs de la santé environnementale, en dépit de leur diversité, dévoilent des impensés des pratiques médicales et des politiques de santé héritées du XXe siècle. En se focalisant sur la bactérie, la médecine s’est désintéressée des facteurs environnementaux ; en lui emboîtant le pas, les politiques publiques se sont affranchies du caractère pluri-factoriel de la survenue de maladies. En réduisant l’environnement à l’espace hors travail, elles ignorent la source de nombreuses expositions pathogènes. Or, ce sont aujourd’hui les classes populaires qui sont les plus exposées à la survenue de ces maladies – et qui disposent du capital le plus faible pour les affronter. La situation actuelle impose à la médecine de reconstruire son attention aux traces de l’exposition environnementale des « patients », ainsi qu’aux indices constitués par les différents symptômes. La recherche de ces traces peut contribuer à une démocratisation des débats portant sur les effets des pollutions générées par l’ère industrielle. Développée à l’écart des chaires de médecine, la santé environnementale et les débats qu’elle entraîne sur les mutations des pratiques de précaution et de soin, s’invitent dans une nécessaire réflexion sur les valeurs fondamentales à partir desquelles « faire société » au XXIe siècle, en tenant compte des bouleversements écologiques que l’ère industrielle a engendrés.
|