Résumé :
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Avec le vieillissement de la population française, le nombre des personnes âgées institutionnalisées augmente. Si la majorité dit bien vivre en résidence, les syndromes dépressifs ne sont pas rares. La littérature a identifié de nombreux facteurs influençant le vécu de l’entrée en institution, mais il n’existe pas de trajectoire stéréotypée permettant le succès de ce processus. Cet article a pour objectif de décrire quelques expériences singulières et de mieux comprendre cette transition. Le succès de cette transition est étroitement lié au concept de déprise qui regroupe les stratégies d’adaptation de la personne âgée, consistant à gérer et accepter les pertes liées à l’âge, pour réinvestir les activités paraissant essentielles, et ainsi garder un contrôle sur le vieillissement ; ne pas céder à l’abandon, mais initier une reconversion. L’entrée en institution en est un excellent exemple selon que celle-ci soit organisée par la personne (déprise stratégique), simplement acceptée (tactique) ou dictée par un tiers (imposée). L’implication dans la décision est essentielle : 74 % des résidents ayant fait seuls le choix sont satisfaits, contre 59 % si le choix a été fait en concertation avec la famille et seulement 37,5 % de ceux pour qui la famille a décidé seule. Trois intervenants participent à la négociation : le patient, la famille et l’équipe soignante, le « trépied de la décision du placement » selon P. Charazac. Il se trouve difficile d’affirmer un éventuel consentement du patient, lorsque la décision, même quand elle n’est pas totalement subie, relève plutôt d’un « non-choix » par faute d’alternative.
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