Résumé :
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L’utilisation de l’espace public comme lieu de vie et non comme simple lieu de passage concerne en particulier les jeunes les plus démunis des classes populaires, qu’ils soient des jeunes « de rue », passant tout leur temps libre dans la rue comme les corner boys de William Foote Whyte (1943), ou des jeunes « à la rue », sans domicile, les « nomades du vide » comme les appelle François Chobeaux (2001). Dans les deux cas, ils ont un rapport contraint et forcé à la rue, et perpétuent un usage populaire (et masculin) de l’espace public, transformant celui-ci en lieu de vie du fait même de l’absence ou de la défaillance de l’espace privé familial (surpopulation, violence, etc.). Ce dossier s’intéresse au rapport contraint à la rue, aux jeunes qui s’y installent non par choix mais par défaut d’autres possibles, ou d’autres possibles envisageables. Il concerne toutes les jeunesses de rue et à la rue : des quartiers de logements sociaux de banlieue aux vieux quartiers insalubres des grandes villes, des copropriétés ruinées ou en ruine jusqu’aux campements de fortune et au renouveau des bidonvilles, des « cailleras » des cités HLM jusqu’aux squats de « punks à chien » et de « zonards » des centres-villes… Il étudie la recherche de lieux délaissés, abandonnés, désaffectés, interstitiels, qui pourraient être « squattés » et aménagés. Il souhaite questionner les stratégies des jeunes pour transformer un choix par défaut, inspirant la pitié et le misérabilisme, en choix de vie, qui réaffirme leur libre-arbitre et valorise la rue en l’associant à la liberté, à l’instar des clochards étudiés par Patrick Declerck (2001).
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