Résumé :
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Aujourd’hui en France, les pratiques d’accompagnement par les pairs se développent et s’institutionnalisent dans les secteurs d’activité de la santé (et notamment de la santé mentale), du social et du médico-social. Malgré une unité de valeurs prégnante, une origine historique commune, la revendication unanime de savoirs expérientiels fondant leur expertise, une diversification des pratiques s’observe. Dans un contexte où les politiques publiques sanitaires et sociales impulsent et favorisent le développement de ce rôle social de pair-accompagnant, où des financements sont ouverts pour quelques postes salariés, d’autres optent pour une pratique bénévole ou même informelle. Cet article vise à comprendre les développements différenciés d’un même rôle social à travers une analyse de son processus d’institutionnalisation. Pour ce faire, le matériau de deux enquêtes sera analysé : l’une portant sur les pairémulateurs constitués en association loi 1901 et l’autre sur les pairs-aidants du programme expérimental d’intervention des politiques publiques "Un Chez soi d’abord". Se dégagent de l’analyse deux processus d’institutionnalisation du rôle de pair-accompagnant: l’un priorisant le développement d’un rôle social, l’autre le déploiement de politiques publiques. Tous deux sont insuffisamment aboutis aujourd’hui pour assurer la pérennité des pratiques, en raison d’un processus de légitimation lacunaire ou de la faiblesse des typifications réciproques. Cet état de fait a pour conséquence de freiner une possible professionnalisation du rôle de pair-accompagnant. Se pose également deux questions : celle de l’articulation des savoirs expérientiels et des savoirs professionnels, celle des effets d’une rencontre entre pairs-accompagnants jusqu’alors cloisonnés dans leurs champs respectifs (santé, santé mentale, handicap, exclusion, addictions, etc.) et à l’intérieur de leurs causes. (R. A.)
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