Résumé :
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Les activités physiques et sportives sont depuis les années 1950 des pratiques sociales dont les professionnels du handicap et les personnes ayant des limitations de capacités font de multiples usages. D’une activité physique gymnique à connotation hygiénique, éducative ou rééducative au sport paralympique contemporain, en passant par la notion d’ "activité physique adaptée" qui rencontre aujourd’hui un succès grandissant, les formes, les modalités, les institutions, les organisations, les populations construisant ce lien singulier entre sport et handicap sont plurielles. Ainsi on aime à parler des activités physiques adaptées au pluriel pour rassembler toutes ces pratiques physiques caractérisées par le principe de l’adaptation, c’est-à-dire dans lesquelles on cherche à réduire le plus possible les situations de handicap que peuvent rencontrer telle ou telle population. L’extrême diversité des activités physiques et sportives, en permanence nourrie par l’invention et la création de nouveaux jeux physiques et sportifs (Roger Caillois, 1958) entre ainsi en relation la grande diversité des capacités humaines, interaction qui peut s’avérer plus ou moins congruente, et qui nécessitera parfois des adaptations de règles, de matériel, des classifications, des inventions pour assurer la possible participation de chacun. Mais si le terrain des activités physiques et sportives s’offre comme un espace particulièrement intéressant pour penser les interactions entre sujet et environnement au travers des multiples déclinaisons des rencontres entre limitations de telle ou telle capacité et exigences de telle ou telle tâche sportive, il est également aujourd’hui piste de spectacle et objet de scène. Ainsi au-delà de "ce que le handicap fait au sport" - modifications des règles, création de nouvelles classifications, perturbations des frontières, invention de nouveaux sports, remise en question de l’éthique sportive, déstabilisation de la notion de dopage…- il serait indispensable de se demander ici "ce que le sport fait au handicap". Le développement des pratiques physiques et sportives des personnes ayant des incapacités a-t-il modifié les représentations sociales que la population entretient à leur égard ? Certains types de déficiences sont-ils plus facilement "sportivisés" que d’autres ? Les sportifs ayant des incapacités sont-ils plus souvent que les non sportifs en situation d’échapper aux situations de handicap ? Par quels processus ? (R. A.)
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