Résumé :
|
La manière dont on donne du sens à la réadaptation, et dont on la pratique, repose sur des hypothèses contradictoires, ce qui affecte la conception de ceux qui bénéficieront de la réadaptation, et la manière dont les professionnels définissent la nature de leurs relations avec les patients. Cet article mobilise l’analyse critique du discours. Sur base d’entretiens avec des professionnels de la réadaptation, Les auteurs s'intéressent à la manière dont ces professionnels parlent de la réadaptation, et à la manière dont leur usage du langage produit des énonciations et des concepts, et influence leurs pratiques. Le contexte de cette recherche est la période de réformes de la santé imposées par les politiques norvégiennes, avec pour objectif d’augmenter l’efficacité et de réduire les dépenses de santé publique. Ils identifient un métadiscours des objectifs, puis différencions quatre types de discours : la réadaptation comme catalyseur pour donner sens à sa vie ; la réadaptation comme performance professionnelle ; la réadaptation comme contrainte, et la réadaptation comme stimulus normatif pour l’indépendance. L’article conclut que les professionnels de la réadaptation intègrent des motifs influencés par les politiques dans leurs processus de raisonnements cliniques. La conséquence en est que les pratiques institutionnelles de réadaptation s’écartent des schémas de soin centrés sur le patient et socialement inventés. Les professionnels de la réadaptation agissent comme de puissants agents des autorités, traitant les personnes handicapées ou malades chroniques de manière à les rendre indépendants et autonomes, en diminuant la participation des services spécialisés de réadaptation.
|