Résumé :
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L’ethnocomptabilité du coût d’un cancer permet de retracer la manière dont un réseau très complexe, au sein duquel se pratiquent des échanges, des dons, des gratifications avec des obligations de réciprocité, de corruption et de détournements de biens publics, est mobilisé pour faire face aux dépenses de santé. À Cuba, la population a gratuitement accès aux services médicaux dont le réseau couvre tout le territoire national. Cependant, le coût des soins, officiellement gratuits, peut se révéler, en réalité, très lourd pour une famille ordinaire. Le total des frais englobe les «cadeaux» quasi obligatoires auprès des personnels de santé, ainsi que de nombreuses dépenses indirectes, dont cet article fait l’inventaire. Le coût apparent de la maladie est néanmoins réduit grâce à la conjonction de deux éléments : le caractère clandestin des «rémunérations» du personnel de santé et, surtout, la solidarité du réseau intrafamilial et amical. L’étude d’un cas approfondi permet d’observer la multitude de dimensions mobilisées pour soigner une maladie qui, autrement, demeurent invisibles. (R.A.)
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