Résumé :
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[BDSP. Notice produite par APHPDOC olrR0xJr. Diffusion soumise à autorisation]. L'institutionnalisation de l'éthique en santé pose question. D'un côté, elle homogénéise la situation dans les institutions de soins, en rendant les patients moins dépendants de la structure dans laquelle ils se rendent et de la personne qui les accueille. Mais d'un autre côté, elle risque de se muer en simple déontologie, se traduisant par l'application mécanique de règles que l'on ne s'est pas appropriées au préalable. Cet article réflexif se propose alors de passer par les conditions concrètes de mise en place d'une éthique en santé au sein d'un service hospitalier, afin de montrer comment les différents acteurs peuvent être impliqués tout en respectant la singularité des patients comme de chaque membre du personnel soignant. La première proposition de cet article consiste à penser une éthique du quotidien, qui ne réserve pas la discussion éthique aux seuls moments de crise ou de décision difficile prise en comités spécifiques. Cela implique alors de réserver des moments de formation et de réflexion en amont et au long cours, afin que chacun soit en mesure de prendre la parole lors des discussions pluridisciplinaires, et d'incarner des valeurs ainsi produites collectivement dans sa pratique quotidienne. La seconde étape consiste à concevoir les conditions d'une véritable réflexion collégiale : présence d'un regard extérieur pour éviter les prises de décision en interne ; prise de parole de chacun depuis ses propres compétences pour ne pas se contenter d'un discours consensuel a minima ; possibilité d'aborder tous les aspects de la pratique, pour apprendre à entendre d'autres perspectives que la sienne et pouvoir exprimer son ressenti. Il s'agit ainsi de concevoir l'éthique en santé comme une démarche, une attitude visant à constamment réinterroger les valeurs sous-jacentes à sa pratique comme les habitudes trop bien ancrées d'un service. Elle se distingue en cela de la promotion de toute valeur particulière (qu'elle soit religieuse, philosophique ou culturelle), mais également des choix de société ou visées politiques qui l'excèdent. Aider un soignant à prendre une décision est aussi délimiter le champ des décisions qu'il a à prendre et respecter sa compétence dans ce champ. Aller chercher les questionnements là où ils surgissent, à même la pratique, et les réfléchir-au sens d'un miroir-en faisant appel à la richesse de la complexité humaine, entre raison, affects, histoire personnelle, culture et valeurs : tel est le champ d'exercice et la marge d'action d'une éthique anthropologique des situations ordinaires. (R.A.).
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