Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS kB9R0xI7. Diffusion soumise à autorisation]. Objectifs. Les activités humaines sont à l'origine de l'émission dans l'air ambiant d'une multitude de composés organiques semi-volatils (COSV) perturbateurs endocriniens (PE). Ces derniers sont émis dans l'air par des processus de combustion et/ou de volatilisation passive à température ambiante. La contamination de l'air par une multitude de composés xénobiotiques n'a jusqu'à présent fait l'objet que de rares travaux effectués à l'étranger, malgré l'existence de nombreuses sources d'émission potentielles de plastifiants, de tensio-actifs, de polluants organiques persistants, d'ignifugeants ou de bactéricides. En matière d'évaluation de risque sanitaire, la voie respiratoire est ainsi toujours considérée comme négligeable en comparaison de la voie alimentaire. Cependant, l'inhalation peut être à l'origine de différences d'imprégnation chimique suivant les individus. Dans ce contexte, les principaux objectifs de nos travaux étaient de parvenir à une meilleure connaissance des transferts de PE dans l'air ambiant, intérieur ou extérieur vers l'Homme et d'évaluer en parallèle l'importance respective des risques liés à leur inhalation via la phase gazeuse et/ou la phase particulaire. Méthodes. L'étude de la contamination des phases gazeuse et particulaire de l'air ambiant a concerné 58 molécules organiques issues de synthèses industrielles : plastifiants (phtalates et bisphénol A - BPA), retardateurs de flamme (PBDE et TBBPA), tensio-actifs (alkylphénols), bactéricides (parabènes), composés organochlorés (PCB/HCB/PeCB), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Leurs identifications et leurs quantifications ont été effectuées à partir d'un échantillonnage d'air, à "grand volume", puis des analyses séparées de la phase gazeuse et de la phase particulaire par technique chromatographique gazeuse ou liquide, couplée à la spectrométrie de masse. L'exposition aux composés PE a été ici évaluée dans trois sites extérieurs : ville (Paris), banlieue (Lognes 94), Forêt de Fontainebleau (77) et dans trois habitats franciliens se différenciant par leurs activités et leurs équipements (un appartement, un bureau, une crèche). Les prélèvements intégrés sur deux semaines ont été consécutivement réalisés durant deux périodes thermiquement contrastées en été/hiver (2010/2011), puis automne/hiver (2011/2012). Résultats. Tous les PE recherchés ont été décelés sur l'ensemble des sites étudiés et ont pu être presque toujours quantifiés à des concentrations comprises entre 0,1 et 100 ng/m3. Les principaux PE à l'intérieur comme à l'extérieur sont les plastifiants du groupe chimique des phtalates, dont les concentrations dans les locaux ont pu atteindre jusqu'à 1 mug/m3. Suivent par ordre décroissant, les alkylphénols : 50 ng/m3, les parabènes : 1 à quelques ng/m3, les HAP : 0,5 à 1 ng/m3 et les PCB : 0,35 à 1,8 ng/m3. Le BPA avoisine le seuil du ng/m3. Par contre, les concentrations en retardateurs de flamme du groupe des PBDE ne dépassent pas celui de 0,1 ng/m3 et celle du TBBPA se situe généralement en dessous de cette valeur égale à sa limite de quantification. La comparaison des concentrations en air intérieur avec le bruit de fond urbain montre que tous les contaminants présentent des concentrations intérieures de 10 à 80 fois supérieures à celles de l'air extérieur, exception faite des HAP et du BPA. La phase gazeuse est toujours dominante pour la plupart des molécules, en dehors de composés très peu volatils, comme le BaP et le DEHP. Ce dernier reste toutefois majoritairement présent en phase gazeuse en été. Dans l'air intérieur, les alkylphénols, les phtalates, les PCB et les parabènes sont présents pour plus de 90%, à l'état gazeux. A l'extérieur, leur proportion en phase gazeuse est moins importante mais reste toujours dominante, bien qu'elle tende à diminuer en hiver, notamment pour les HAP principalement émis lors de processus de combustion. Conclusion. Les composés PE sont ubiquistes dans l'air de tous nos habitats, avec des concentrations dans l'air des locaux qui sont presque toujours supérieures à celles de l'air extérieur, en raison du confinement, d'activités et de sources potentielles qui restent à préciser. De plus, contrairement à des a priori concernant la faiblesse relative de la pression de vapeur des COSV, il ressort ici comme dans d'autres travaux à l'étranger, que l'exposition humaine à une majorité de composés se fait principalement à partir de la phase gazeuse et non à partir de l'inhalation ou l'ingestion de particules en suspension.
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