Résumé :
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Cet article analyse une série de consultations et de staffs menés conjointement par des pédopsychiatres et des pédiatres-généticiens pour des adolescents et des jeunes adultes qui ont été diagnostiqués autistes dans leur enfance. Ces consultations et ces staffs ont pour objectif de revenir sur le diagnostic de ces patients. L'article montre que, au travers de ce protocole, se met en place un travail médical original qui consiste à suspendre le jugement, au moins momentanément, pour porter le regard sur le corps du malade ou, plus précisément, sur ses manifestations sensibles dont il est a priori difficile de dire si elles relèvent de la psyché ou du soma. Cela conduit les professionnels impliqués dans ce dispositif clinique à s'interroger sur le niveau de pertinence qui peut et qui doit être accordé au fait biologique dans son articulation avec le fait psychiatrique. Concrètement, cette interrogation se traduit, dans la pratique clinique, par une attention forte aux investigations qu'il s'agit d'effectuer pour conclure ou au contraire aller plus avant dans l'exploration de la situation du patient. On montre, en conclusion, que cette forme de travail médical, qu'on propose d'appeler "médecine d'exploration", se situe autant à distance d'une version réductionniste de la génétique que d'une version relativiste du "bio-psycho-social". (RA)
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