Résumé :
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Dans le contexte actuel des conflits dits asymétriques, il devient de plus en plus difficile de répondre aux questions fondamentales : pour qui et pour quoi meurt-on ? Projeté loin du territoire national, le soldat d'aujourd'hui a du mal à trouver un sens à sa mission. Le brouillage des frontières entre guerre et paix fragilise sa légitimité et l'abandonne à une opinion publique versatile. Deux témoignages de soldats défigurés dans le cadre de leurs missions invitent à entendre les effets de la blessure du corps sur la réalité psychique, d'historiciser le discours du sujet en proie à des processus "d'altérisation". Après la phase de sauvetage et de réparation de la béance physique, s'opère une lente reconstruction narcissique. Elle passe par un long travail à l'épreuve du miroir, du regard d'autrui, et parfois par une identification à un trait symbolique : appartenir à la communauté des "Gueules Cassées", "être un militaire avec une cicatrice, une blessure de guerre". L'aide offerte par le groupe, le droit à la dignité et à la réparation permettent d'inscrire le blessé au combat dans une dynamique de reconnaissance, celle d'une nouvelle figure de l'altérité. (RA)
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