Résumé :
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Il n'est pas rare d'observer des "comportements de frontières" - selon les mots de BETTELHEIM - chez les autistes : l'enfant autiste longe les murs, manipule des petits objets et les aligne, appuie son dos au mur ou s'adosse à un autre, hésite au passage d'un seuil à faire un pas en avant, revient en arrière, se barbouille le visage autour des yeux et des lèvres, garde la nourriture et les mots "au bord des lèvres"... Le nombre d'observations relatives aux bords, frontières et seuils sont innombrables. Certains psychanalystes, faisant référence à la théorie lacanienne des psychoses, se sont interrogés sur la signification de ces conduites et de ce qu'elles pouvaient enseigner quant à la structure du monde de l'autisme. Alors que dans la paranoïa, le retour de la jouissance se ferait au lieu de l'Autre (un autre persécuteur, qui jouirait du sujet), que dans la schizophrénie, la jouissance ferait retour dans le corps (phénomènes hypocondriaques, de morcellement), en ce qui concerne l'autisme, la jouissance viendrait faire retour sur un bord. Ainsi, après avoir posé ses interrogations en termes de problèmes de bords et de corps, qui nous indiquent, notamment le monde non orienté dans lequel vit l'autiste et l'absence de corps constitué comme tel, l'auteur traite des efforts soutenus de l'autiste pour créer des nouvelles frontières concrètes afin de pouvoir à la fois s'orienter et se protéger. Il est montré avec les dernières avancées de J.-C. MALEVAL, qu'il est possible de distinguer trois grandes catégories de "composants de bords" dans l'autisme : l'appui sur des objets, sur un double ou encore sur un îlot de compétences. (RA)
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