Résumé :
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Les théories récentes de la modernité, et notamment les travaux d'Anthony GIDDENS, ont fortement influencé la recherche sur les jeunes. Pourtant, GIDDENS a rarement pris en compte les perspectives des recherches sur le handicap. A ce constat vient s'ajouter le fait que de nombreux chercheurs spécialistes du handicap ont critiqué ou même rejeté son cadre théorique. Les recherches sur les adolescents handicapés demeurent donc déconnectées des recherches générales sur les jeunes. Cet article a pour but de montrer que la mise en rapport de ces deux perspectives peut être féconde. Ce point de vue est développé grâce à une étude de cas qui s'appuie sur les interviews d'une jeune fille de 15 ans en situation de handicap et de sa mère. Ces entretiens abordent des aspects relatifs à l'espace et à la mobilité au travers des pratiques quotidiennes de cette jeune fille, mais aussi au travers de ses rêves et de ses plans pour l'avenir. Ces entretiens mettent en évidence que les activités et les relations sociales de cette jeune fille sont confrontées à des obstacles environnementaux, mais ils montrent également que ses pratiques et ses plans d'avenir font preuve de compétence, de réflexivité et de complexité. Par ailleurs, le contenu des entretiens suggère que les descriptions "d'idéal type" que propose GIDDENS de la modernité peuvent s'avérer insuffisantes, du moins dans la mesure où elles présupposent un corps parfaitement fonctionnel dans un environnement pratiquement sans obstacle. En outre, il apparaît que les pratiques spatiales rapportées par cette jeune fille peuvent être éclairées par l'analyse de GIDDENS sur le "déancrage" et le "réancrage". Pour conclure, l'auteur invite les recherches sur le handicap à intégrer, adapter et développer la théorie de la modernisation de GIDDENS, plutôt que de la rejeter. (RA)
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