Résumé :
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Partant de documents d'archives appartenant à l'histoire de l'éducation spécialisée, et en particulier de la médicopédagogie et de la psychopédagogie, l'auteure souligne, une fois de plus, que cette histoire peut se faire par l'étude des catégories linguistiques et sémantiques (une histoire notionnelle), laquelle renvoie à une histoire des acteurs et des pratiques. Ainsi, dès 1840, les objectifs d'enrayer le crétinisme en Suisse ont engagé à la fois des pédagogues (notamment le Père Grégoire GIRARD de Fribourg) et des médecins (en particulier Johan-Jakob GUGGENBUHL) à développer, dès 1840, des pratiques statistiques et des traitements médicopédagogiques dans l'institut de l'Abendberg, dans le canton de Berne. Ce faisant, partant de signes perçus, ils créent des définitions du crétin et de l'idiot, et des nosographies qui vont alimenter leurs pratiques tendues vers leurs objectifs. Il en va de même, au début du XXe siècle où, à la faveur d'un courant cherchant à la fois à observer l'enfant et à adapter l'école à ses besoins, un des maîtres de la psychologie moderne, Edouard CLAPAREDE, contribue à créer des catégories de l'anormal et de l'idiot, lesquelles renforceront l'existence de classes spécialisées et les pratiques d'enseignement spécialisé. Considérée sous l'angle de l'histoire des acteurs, celle des notions renvoie constamment à une histoire du pouvoir dans l'éducation spécialisée. (RA)
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