Résumé :
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Aucun chiffre officiel en France n'établit de corrélation entre le fait de mourir sur la route et le milieu social alors que ce lien existe pourtant bel et bien. L'absence remarquable de données sur la profession des tués de la route entretient l'idée, largement reçue, que perdre la vie ou se blesser au volant serait lié au seul hasard des déplacements individuels et que nous serions, à l'exception des jeunes hommes, tous égaux devant la mortalité routière. Pourtant la mortalité routière ne frappe pas au hasard. Les conducteurs appartenant à la catégorie des ouvriers affichent un surmortalité relativement stable dans le temps pendant que les cadres sont sous-représentés dans les accidents mortels. Tandis que les plus démunis meurent sur les routes dans l'indifférence collective, le fait social n'est pas construit comme un problème public. L'enjeu n'est rendu visible que sous une forme particulière, vidée de son contenu social, au prisme de la seule responsabilité personnelle du conducteur. (RA.)
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