Résumé :
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Cet article propose une analyse du vécu corporel d'athlètes tunisiens handicapés physiques, investis dans une pratique sportive de haute compétition. Dans cette expérience singulière, le corps est en position d'ambivalence entre la matérialité de la déficience qu'accuse le regard d'autrui et les exigences de la performance sportive. Menée à partir d'un corpus d'entretiens, l'étude montre que la déficience corporelle s'exprime, pour les athlètes, en termes d'écart par rapport à la norme. Cependant, la mise en jeu spécifique du corps dans la pratique sportive et la réalisation des performances de pointe suscitent la rencontre avec un corps autre et participent à une révocation, voire même un oubli du handicap. En effet, l'engagement corporel des athlètes dans une pratique socialement signifiante leur permet de se forger une identité exceptionnelle dans l'espace sportif. Par ailleurs, l'appropriation de cette nouvelle identité et la conciliation avec le corps déficient transforment leur perception du corps propre et conduisent à la réconciliation avec soi, malgré une confrontation continue à la logique de la norme dans l'espace extrasportif. (RA)
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