Résumé :
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Si l'expertise consacrée par l'INSERM au "trouble des conduites" de l'enfant et de l'adolescent en 2005 a suscité une polémique, elle justifie aussi l'ouverture d'un débat épistémologique. Elle révèle en effet un problème de fond de la psychiatrie contemporaine dont l'identité est menacée d'une déchirure entre ses "sciences" fondatrices, entre ses deux principales assises théoriques et pratiques : celle traditionnellement référée au champ des "sciences humaines" (psychologie, sciences sociales, philosophie, psychopathologie clinique, psychanalyse) et celle référée aux sciences dites "dures", dont le modèle est la biologie. La compréhension de cette hétérogénéité conceptuelle de la psychiatrie ouvre un champ de réflexion fécond et nécessaire. La psychiatrie contemporaine est certes en mutation, mais elle reste ancrée au carrefour des sciences humaines et des sciences expérimentales, des sciences de la pratique interpersonnelle et des sciences fondamentales du comportement. La condition d'un enrichissement mutuel est une politique scientifique pluraliste qui encourage les échanges et collaborations entre sciences cliniques et sciences expérimentales ou objectives, entre sciences "dures" et sciences humaines, et rééquilibre les influences entre elles, notamment en termes d'autorité scientifique. (RA)
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