Résumé :
|
Le droit peut-il rendre effective l'intégration des personnes handicapées ? Peut-on décréter la solidarité ? Si la question demeure posée, c'est sans doute qu'elle renvoie au regard que chacun porte sur l'autre et sur sa différence.Il ne peut y avoir de droit des personnes handicapées à bénéficier de la solidarité nationale sans acceptation d'un droit à la différence. Par conséquent, le droit ne devrait pas servir à enfermer les bénéficiaires dans un statut juridique dérogatoire chargé de compenser (faute de pouvoir les effacer) les différences. Ne poser le problème de l'insertion des handicapés qu'en termes de réponse "à une légitime attente, celle du droit à la compensation du handicap" revient à les exclure un peu plus du monde du travail. Or l'intégration sociale des personnes passe par leur connaissance, non pas de ce qu'elles devraient être, mais de ce qu'elles sont, autrement dit, par l'acceptation des différences. Un tel constat implique, plus largement, de repenser les concepts d'égalité, de discrimination et d'insertion. De la même manière, les approches médicales et juridiques ne devraient pas être confondues : on ne peut créer des catégories juridiques qui s'appuient sur la seule déficience et la diminution des capacités professionnelles qu'elle entraîne. Il est intéressant de constater que l'OMS dans la nouvelle classification internationale du fonctionnement du handicap et de la santé (CIF) abandonne l'approche négative de la classification internationale du handicap (CIH, construite sur la nomenclature "Déficiences, incapacités, handicap") et prend en compte, dans une acception plus constructive, la personne et l'environnement. La situation de handicap dépend à la fois de facteurs individuels, de facteurs sociaux et environnementaux, ce que ne permet pas d'appréhender l'approche catégorielle retenue par le droit social français.
|