Résumé :
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"La loi du 1er décembre 1988 qui a mis en place un revenu minimum d'insertion ouvre à nouveau le débat sur les droits de l'Homme, les libertés publiques, les libertés individuelles : si toute personne a droit à un revenu minimum d'insertion, a-t-elle la liberté de ne pas s'insérer ? L'insertion n'est pas une idée nouvelle, mais elle apparaît aujourd'hui comme une priorité nationale. Cette notion pose d'abord des problèmes fondamentaux. Des problèmes de fond : l'insertion touche tous les exclus du système économique, tous ceux pour lesquels la croissance a signifié le chômage. Des problèmes de nature jurifique : en liant le versement de l'allocation à la signature d'un "contrat d'insertion", le droit à l'insertion paraît contrebalancé par le devoir de s'insérer. Des problèmes de frontières : l'allocation d'un revenu minimum d'insertion doit "s'insérer" dans toute une série de dispositions existantes ; il n'y a pas de modifications fondamentales de l'état de notre droit pour le moment, mais des potentialités de refonte de notre système de protection sociale. L'insertion nécessite ensuite la mise en oeuvre de certaines techniques : une allocation monétaire dont il faut préciser le calcul et les conditions d'attribution ; la mise en place de conventions d'insertion professionnelle, le travail étant sans aucun doute la meilleure des insertions ; la nécessité d'une recherche d'insertion sociale par la formation, le logement, la santé, etc...L'insertion exige enfin l'intervention de plusieurs agents, d'abord certains organes administratifs spécialement mis en place par la loi de 1988, ensuite des structures existantes mais qui vont être appelées à jouer un rôle essentiel dans la mise en oeuvre de la loi : les centres d'hébergement et de réadaptation sociale, les associations, bien entendu les travailleurs sociaux qui sur des méthodes de travail renouvelées vont redécouvrir les fondements même de l'assistance, (se tenir auprès de la personne pour la conseiller et l'aider dans son "parcours" d'insertion), et les sujets eux-mêmes qui en signant un "contrat d'insertion" devront s'investir personnellement dans le projet qui leur est proposé. Finalement, la loi du 1er décembre 1988 est un apport essentiel dans notre droit social. Elle pose cependant de nombreux problèmes à l'organisation de notre société, qui devra se mobiliser pour que l'insertion ne se limite pas à un combat individuel, et qui devra veiller à ce qu'elle ne contribue pas à la consécration d'une économie à deux vitesses."
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