Résumé :
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La " judiciarisation " de la relation medecin-malade désigne deux choses différentes. Au sens propre, il s'agit de personnes estimant avoir subi un préjudice du fait d'actes médicaux et qui demandent réparation auprès des tribunaux " de droit commun ", cet accès des patients à la justice " ordinaire " ayant été récemment facilité et élargi grâce à divers changements législatifs. Par ailleurs ce terme est employé dans le débat public avec une connotation péjorative pour signifier un recours abusif des malades aux tribunaux, celui-ci étant présenté comme ayant des effets délétères sur l'exercice de la médecine du fait, notamment, que le droit tendrait désormais à définir ce qu'est un bon exercice professionnel tandis que pour échapper à un risque judiciaire excessif les pratiques médicales s'infléchiraient, et ce au détriment du patient. Cet article traite de la judiciarisation dans son sens premier et tente de rendre compte, en toute modestie les auteurs ne sont pas des juristes, des évolutions du droit, pour tirer ensuite les leçons d'une enquête de terrain menée auprès des praticiens hospitaliers et montrer en quoi le discours professionnel sur le " risque judiciaire " constitue un révélateur des transformations contemporaines de la pratique médicale.
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