Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSLR IF9R0xCs. Diffusion soumise à autorisation]. Les violences conjugales sont un véritable problème de santé publique, du fait de leurs conséquences tant physiques que psychologiques à court, moyen et long termes. Ces violences sont d'autant plus insoutenables qu'elles s'inscrivent dans l'intimité et le huis clos familial. Elles restent souvent non révélées, "invisibles", sournoises et quotidiennes. La femme y est piégée dans une véritable relation d'emprise. Les études internationales ont bien exploré les aspects psychopathologiques des violences physiques et sexuelles au sein du couple, mais très peu le profil clinique des femmes victimes de violences psychologiques ou de harcèlement moral. Cette étude se propose de définir le profil clinique de femmes victimes de violences conjugales psychologiques. Nous avons contacté 628 femmes ayant consécutivement consulté dans un service d'accueil des urgences (SAU) du CHU de Tours. Le dépistage téléphonique des violences psychologiques a alors été réalisé à l'aide du questionnaire Women's Experience with Battering (WEB) (n=226). Un entretien clinique complémentaire a été proposé aux femmes se déclarant victimes de violences conjugales psychologiques (n=56), pour évaluer les événements de vie et les troubles psychiatriques selon l'axe 1 du DSM-IV. Sur les 56 femmes dépistées comme victime de violence psychologique selon le WEB questionnaire 43 (77%) ont accepté d'avoir un entretien clinique et exprimé leur évaluation qualitative du questionnaire WEB et leur niveau d'aise par rapport à celui-ci. Dans 63% des cas, ces femmes victimes et leurs conjoints avaient plutôt un haut niveau socioprofessionnel. La majorité des consultantes avait une plainte algique diffuse sans étiologie retrouvée (49%) ou souffrait d'un trouble psychiatrique (52%) avec une prédominance des troubles anxieux (28%) et addictifs (19%). La prévalence des événements de vie potentiellement traumatiques est élevée dans ce groupe (83%). Les violences conjugales psychologiques traumatiques étaient associées à une augmentation de la prévalence des comorbidités psychiatriques, anxiété (72%), dépression (100%), état de stress post-traumatique (100%) et addiction à l'alcool (100%) ou à une autre substance psychoactive (50%). Enfin, la prévalence des antécédents gynéco-obstétricaux reliés par la femme au climat psychologique (44%) est élevée. Même si le profil psychopathologique est relativement proche, le profil sociodémographique des victimes de violences psychologiques est singulièrement différent de celui des victimes de violences physiques ou sexuelles. Ce travail souligne la nécessité d'un dépistage systématique de ces violences dans un service d'accueil des urgences. (R.A.).
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