Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA B9IpR0xq. Diffusion soumise à autorisation]. Côté cour, les rapports internationaux récents s'accordent sur le caractère contre-productif des approches répressives sur lesquelles se sont prioritairement fondées les politiques antidrogues de la dernière décennie. Côté jardin, la situation française : la loi de 1970, dont la réforme fut repoussée en 2004, réprime encore officiellement l'usage des stupéfiants, dont le cannabis. Peut-on dans le même temps reconnaître l'inefficacité de l'interdit et vouloir le maintenir ? Le cas du cannabis permet d'explorer ce paradoxe : non seulement des préférences apparemment antithétiques peuvent coexister dans l'opinion, mais des énoncés encore plus contradictoires peuvent recueillir chacun une majorité des suffrages, sans témoigner pour autant d'une quelconque irrationalité. Ces faits interrogent successivement la "mathématique sociale", laquelle réserve donc quelques surprises, et la "psychologie sociale" appliquée aux comportements des différents acteurs (politiques, soignants et consommateurs). Surtout, au grand théâtre des représentations mentales collectives, où se jouerait encore une obscure déraison nationale (avatar de "l'exception française" ?), dont nous pourrions tirer à notre tour des conclusions d'ordre moral (voire un certain fatalisme ?), les sciences sociales doivent bien plutôt nous aider à user de mots justes et de concepts adéquats, dans une stricte perspective de santé publique.
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