Résumé :
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La notion de bureaucratie, inspirée des travaux fondateurs de Weber (1921), a longtemps constitué la forme organisationnelle privilégiée pour assurer la réalisation des activités à caractère public. Le courant du New Public Management a largement contribué à remettre en cause ce modèle d'organisation. Ainsi est-il désormais courant de parler de "l'hybridation public-privé" des formes organisationnelles. Cet article vise à susciter une réflexion autour de la question suivante : la forme organisationnelle est-elle révélatrice de la nature - publique ou privée - de l'activité réalisée en son sein ? Une contribution à cette réflexion à travers l'exemple de l'hôpital public français est proposée. La réflexion menée conduit tout d'abord à montrer que la bureaucratie professionnelle, modèle traditionnel d'organisation de l'hôpital, est aujourd'hui largement mise à mal. Les mutations subies par trois dimensions clés de la configuration structurelle de l'hôpital - le mode d'organisation de l'activité, la répartition du pouvoir et la circulation de l'information - sont analysées. Cet article propose ensuite d'examiner les conséquences, sur la production d'une activité de service public, de l'avènement d'un nouveau modèle organisationnel, où la coordination hiérarchique cède la place à une coordination de type réseau. Le nouveau modèle organisationnel identifié se rapproche de celui des "firmes japonaises" décrites par Aoki (1988). Il rejoint aussi le "réseau dynamique" décrit par Miles et Snow (1994). L'émergence d'un fonctionnement en réseau de l'hôpital peut aussi s'interpréter comme l'avènement d'un modèle "post-bureaucratique" (Desreumaux, 1996). Les questions des modalités et du périmètre d'application des principes du service public d'une part, et du partage d'une mission de service public au sein de l'hôpital réseau d'autre part, sont soulevées.
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