Résumé :
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L'univers carcéral n'est pas si connu, en dehors des idées reçues, que l'on puisse aborder les questions d'éthique du soin qui s'y posent sans apporter quelques informations démographiques et surtout psychologiques sur ceux qui le peuplent, qu'on pourrait définir comme des insuffisants respiratoires de la vie enfermés dans un milieu en vie raréfiée. Sans avoir et de loin été toutes résolues, les questions éthiques liées au cadre d'exercice l'ont été nettement par la loi de 1994 qui, en attribuant toute la mission de soin des personnes détenues aux hôpitaux publics, a assuré l'autonomie des soignants vis-à-vis de l'administration pénitentiaire. La question récurrente de la préservation du secret médical dans un tel cadre soulève assez de passions pour que l'on s'interroge sur les articulations entre secret, identité professionnelle et conflits de pouvoir ; elle pourrait trouver une solution à son tour dans une notion strictement définie de secret professionnel partagé. Les difficultés éthiques liées à la personnalité des patients paraissent bien moins réductibles ; réputés avoir l'habitude d'évoluer dans la prise de risques, aussi bien dans la délinquance que dans la négligence de soins, vivant au présent un triple enfermement dans leur passé, leur culpabilité et leur détention, ceux-ci risquent d'impliquer et de troubler le soignant au point de le mettre hors d'état d'entendre celui qui parle à travers ce qu'il dit ou dans ce que son corps exprime. Dans ce contexte, réflexion sur soi et travail en équipe seront les étayages indispensables au soignant pour préserver son éthique dont l'exigence s'étend à ce qu'il témoigne dans la cité des actuels dysfonctionnements de l'institution.
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