Résumé :
|
Le prestige de la science a longtemps tenu au fait qu'on lui conférait le pouvoir symbolique de proposer un point de vue surplombant sur le monde : assise sur un refuge neutre et haut-placé, sûre d'elle-même, elle semblait se déployer à la fois au cur du réel, tout près de la vérité et hors de l'humain. Cette image est aujourd'hui dépassée. Nous avons compris que la science n'est pas un nuage lévitant calmement au-dessus de nos têtes : elle pleut littéralement sur nous. Ses mille et une retombées pratiques, qui vont de l'informatique à la bombe atomique en passant par les vaccins, les OGM et les lasers, sont diversement connotées et diversement appréciées : ici, ce que la science permet de faire rassure ; là, ce qu'elle annonce angoisse. Tout se passe comme si ses discours, ses réalisations et ses avancées devaient constamment être interrogés, systématiquement mis en ballotage(
). Reste que la puissance de dévoilement de la science et l'impact des techno-sciences sur les modes de vie provoquent désormais des réactions de résistance qui semblent de plus en plus fortes, qu'elles soient d'ordre culturel, social ou idéologique : ces réactions peuvent être le désir de réaffirmer son autonomie face à un processus qui semble nous échapper ; ou bien l'envie de défendre des idéaux alternatifs contre la menace d'un modèle unique de compréhension ou de développement ; ou bien encore la volonté de rendre sa pertinence au débat démocratique quand la complexité des problèmes tend à le confisquer au profit des seuls experts.
|