Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA qnR0xEks. Diffusion soumise à autorisation]. Position du problème : En France, les données récentes sur la consommation de substances psychoactives (SPA) chez les femmes entrant en prison sont quasi inexistantes. L'objectif de notre étude était de décrire les caractéristiques des femmes entrant à la prison Montluc de Lyon et d'estimer leur consommation de SPA. Méthodes : Entre le 1er juin 2004 et le 31 décembre 2008, parmi les 841 femmes entrant à la prison de Lyon, 535 ont pu bénéficier d'un entretien d'arrivée mené par une infirmière lors duquel un questionnaire leur était systématiquement proposé ; 306 détenues n'ont pas pu obtenir cet entretien et n'ont pas pu être incluses dans l'étude en raison d'un transfert immédiat vers une autre prison ou d'une hospitalisation urgente. Les caractéristiques socioéconomiques et pénales, la consommation de SPA ainsi que le niveau de cette consommation (occasionnelle, régulière, abusive ou dépendance) et la souffrance psychique des 535 détenues interrogées étaient systématiquement notés. Cette souffrance psychique était définie par la présence dans le discours ou dans le comportement de signes évocateurs ou de symptômes cliniques tels que anxiété, dépression, hallucinations, délire et troubles de l'humeur ou du comportement. L'analyse descriptive a été réalisée à l'aide du test du Chi2 et du test exact de Fisher pour la significativité des différences de pourcentage observées. Résultats : L'âge moyen des 534 répondantes était de 31,5ans, 59,2% n'avaient pas eu d'activité professionnelle continue dans les 12 mois précédant l'incarcération et 21,6% avaient déjà été incarcérées ; 35,7% des entrantes déclaraient une dépendance au tabac et 13,7% à l'alcool, 6,6% un usage régulier, abusif ou une dépendance au cannabis, 20,4% aux médicaments psychotropes et 7,7% aux autres drogues (héroïne, cocaïne, drogues de synthèse) dans les six mois précédant l'incarcération ; 39,2% des consommatrices à risque déclaraient l'usage d'au moins deux produits ; 7,1% des détenues étaient sous traitement de substitution aux opiacés. Une analyse factorielle des correspondances multiples a permis de définir et préciser les caractéristiques spécifiques de trois groupes de consommatrices de SPA. Conclusion : Plus fréquentes chez les détenues jeunes, les consommations de SPA, assez proches de celles des entrants hommes, sont plus importantes qu'en population féminine générale et s'accompagnent très souvent d'une souffrance psychique : elles imposent un dépistage efficace dès l'entrée en détention afin de proposer aux femmes consommatrices une prise en charge psychologique et/ou psychiatrique adaptée au milieu carcéral. (résumé d'auteur).
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