Résumé :
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La mondialisation de l'économie s'accompagne d'un accroissement incessant des flux migratoires. Le nombre de migrants internationaux est aujourd'hui évalué à quelque 190 millions d'individus contre 82 en 1970. Le phénomène n'est pas nouveau mais il prend avec le progrès des transports et des moyens de communications des proportions jusque-là inédites, comme le rappelle Jeffrey G. Williamson dans "Finances et Développement". Ce professeur à l'université Harvard explique en outre que le "cycle de vie" d'une émigration massive étant à chaque fois identique, l'analyse des migrations du passé apporte un éclairage essentiel sur les flux mondiaux futurs. Frédéric Docquier et Abdeslam Marfouk montrent dans "Regards économiques" que l'Union européenne (UE-15) est la seule des grandes puissances économiques mondiales qui enregistre un déficit dans ses échanges de main d'oeuvre qualifiée avec le reste du monde. Face à cet exode massif de matière grise qui met en péril ses performances dans des secteurs clés, l'UE cherche, en adoptant une politique d'immigration sélective, à compenser la fuite de ses élites par l'entrée de migrants qualifiées en provenance des pays du Sud. Pour certains pays en développement, comme la Chine, engagés dans une compétition économique internationale toujours plus exacerbée, la question du retour des "cerveaux" partis se former ou travailler à l'étranger devient aussi cruciale. Le gouvernement central et les municipalités rivalisent aujourd'hui d'ingéniosité afin de créer un climat propice à ces retours, comme l'explique David Zweig dans la "Revue internationale du travail". Dès le début des années 1980, le rôle des transferts de fonds internationaux des migrants dans le développement a été mis en évidence. Un récent rapport de l'OCDE revient sur l'impact économique de ces quelque 149 milliards de dollars de transferts, en 2002, qui viennent compenser la perte en capital humain que constituent pour les PED les migrations. (R.A.)
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