Titre : | Aspects éthiques de l'ouverture d'un débat sur le dépistage du cancer du sein en France. |
Auteurs : | Anne-Marie Begué-Simon, coor. ; Bernard JUNOD, coor. ; Ecole Nationale de la Santé Publique (ENSP) (Rennes, FRA) |
Type de document : | Mémoire |
Année de publication : | 2007 |
Description : | 28p. / ann. |
Langues: | Français |
Classement : | OE07/ (MEMOIRE ENSP - MODULE INTERPROFESSIONNEL DE SANTE PUBLIQUE) |
Mots-clés : | Dépistage ; Cancer ; Sein ; Diagnostic ; Démocratie ; Politique santé ; Information malade ; Rôle du professionnel ; Relation médecin malade ; Mammographie ; Programme santé ; Chirurgie ; Qualité vie ; Mort ; Médecin santé publique ; France |
Résumé : | Le dépistage organisé du cancer du sein a été mis en place en France dès 1989 dans certains départements, avant d'être généralisé en 2003 à l'ensemble du territoire dans le cadre du plan national de lutte contre le cancer. Ce dépistage concerne les femmes âgées de 50 à 74 ans qui sont invitées par courrier, tous les deux ans, à réaliser un examen mammographique. Le taux de participation au programme était de 49% en 2006, l'objectif affiché des pouvoirs publics étant de parvenir à un taux de participation de 80%. La pertinence du dépistage organisé fait pourtant l'objet d'une controverse scientifique ; selon certains chercheurs, les bénéfices en terme de réduction de la mortalité générale et par cancer seraient trop peu étayés pour compenser les effets indésirables liés au surdiagnostic et au surtraitement. Cette controverse, dont il ne nous appartient pas de juger le fond, interpelle les médecins, les pouvoirs publics, et les citoyens. Le partage de la vérité scientifique, de même que le devoir d'information du patient, obligation légale et déontologique qui s'impose au médecin, semblent plaider en faveur de l'ouverture d'un débat. Un certain nombre de freins à l'organisation de la discussion ne doivent cependant pas être méconnus. L'interventionnisme de la médecine moderne, la relation forcément asymétrique entre le médecin (celui qui sait) et son patient (qui doit accepter le savoir du médecin), s'accommodent mal d'une attitude prudente. L'adhésion à l'utopie de la santé parfaite ne permet pas d'accepter le risque, d'admettre l'incertitude, dans une société hantée par la peur de la maladie, du cancer en particulier, et au delà, de la mort. La position de faiblesse dans laquelle les femmes ont longtemps été maintenues en France ne leur a pas permis de prendre véritablement la parole sur les problèmes de santé qui leur sont propres. Les liens étroits qui existent par ailleurs entre l'Institut national du cancer et le Plan cancer (qui l'a mis en place) ne laisse pas la liberté à cette institution d'adopter une attitude critique vis-à-vis d'un dispositif qu'elle a contribué à mettre en place. Les principales associations engagées dans la lutte contre le cancer sont de fait dans la position d'un acteur institutionnel, incompatible avec une remise en question des grands axes de leur action. Il n'est pas aisé pour les décideurs politiques de trancher sans consensus scientifique clair. Enfin le pouvoir médical dans sa réalité collective est une dimension non négligeable des conflits d'intérêts potentiels. Au plan économique le coût présumé du cancer est tel que tant qu'il ne sera pas prouvé une inversion du rapport coût/bénéfices du dépistage, celui-ci paraîtra justifié. Par ailleurs, la réforme de la tarification à l'activité introduite en 2004 peut avoir pour effet secondaire d'inciter les établissements à multiplier les actes et prescriptions de médicaments onéreux, notamment dans le domaine du cancer. Aujourd'hui la question de la pertinence du dépistage du cancer semble accaparée par un groupe de scientifiques qui impose ses valeurs et ses normes. Pour donner lieu à un véritable débat de santé publique, la discussion doit dépasser le cercle des experts et concerner non seulement plusieurs disciplines scientifiques, mais également être élargie aux sciences humaines et enfin concerner les citoyens usagers eux-mêmes. Les associations semblent être un relais pour mettre en place un débat sur les aspects éthiques de l'ouverture d'un débat sur le dépistage du cancer du sein. La constitution de jurys citoyens pourrait également être envisagée. Dans tous les cas, la sérénité du débat nécessite que soit au préalable rétabli le dialogue entre les médecins et leurs patients, à travers une relation transformée qui laisse de côté tout paternalisme au profit d'un apprentissage de la culture du doute, de la compréhension des fragilités des connaissances scientifiques, de la multiplicité des savoirs. C'est là en soi un véritable défi, et une véritable révolution culturelle. Mais est-ce bien le moment de débattre ? Peut-être est-il trop tôt, en l'absence d'évidence scientifique irréfutable permettant de quantifier précisément les bénéfices ou les risques du dépistage. Peut-être au contraire est-il déjà trop tard, le comportement de dépistage étant ancré tant chez les femmes, les médecins que les décideurs politiques. Dans ces conditions, ouvrir un débat perdu d'avance pourrait discréditer les débats de santé publique à venir. (R.A.) |
Diplôme : | Memoire ENSP de Module Interprofessionnel (MIP) |
Plan de classement simplifié : | Module interprofessionel de santé publique (MIP) |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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053101 | OE07/0057 | Mémoire | Rennes | Magasin | Empruntable Disponible |
Documents numériques (1)
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