Résumé :
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[BDSP. Notice produite par APHPDOC skdDR0xp. Diffusion soumise à autorisation]. C'est un phénomène général : les infirmières quittent prématurément la profession. Une évaluation faite sur 14 CHG et CHU, dénommée l'étude PRESST, en analyse les causes : les conditions de travail comptent, car elles déterminent la qualité du service fait. Le temps de chevauchement entre équipes successives permet d'élaborer, de façon pluridisciplinaire, un projet de soins adapté à la personne soignée, correspondant aux valeurs professionnelles des soignants. La concertation réduit les évènements indésirables par la diminution des incertitudes concernant, aussi bien, les traitements que l'accompagnement et l'éducation du malade. Les temps de parole permettent "l'influence au travail", le soutien émotionnel par les collègues et facilitent la constitution de "collectifs de travail" soudés. Un espace et une organisation des horaires adaptés sont nécessaires pour cette circulation de l'information indispensable à la qualité des soins. L'aménagement ergonomique des locaux réduit la charge physique et mentale du travail et facilite l'exercice professionnel d'infirmiers de tous âges en réduisant les risques d'atteinte à leur santé. Trois ans de formation... pour quelle durée d'exercice ? C'est là, sans doute, une manière crue de poser la problématique, mais passé les faux-semblants, il faut savoir regarder le problème en face et l'analyser pour y remédier. Le projet promouvoir en Europe santé et satisfaction des soignants au travail (PRESST), initié par les instances de l'Union européenne, vise à apporter les lumières d'une étude systématique, pratiquée au sein de 14 centres hospitaliers et après audition de près de 4000 personnels. Le constat - l'abandon prématuré de la profession - est confirmé, mais les causes ne sont pas forcément celles que l'on redoutait. Bien sûr, comptent la faible attractivité salariale et les contingences matérielles, qu'il s'agisse des contraintes horaires ou des difficultés du logement, mais l'essentiel est ailleurs. Si les infirmières renoncent à cette profession qu'elles ont choisie, c'est, in fine, parce qu'elles ne retrouvent pas les possibilités d'exercer en accord avec leur formation à la "démarche de soins" et à la "prise en charge globale du malade", valeurs fondamentales de la déontologie. En quelque sorte, il apparaît légitime de composer avec ce qui relève des contraintes socioéconomiques générales, mais illégitime de s'accoutumer à ce qui atteint le coeur du métier. Au final, le bilan est rassurant, en tout cas intéressant. Tout n'est pas question de finance. La qualité d'une organisation du travail, qui permette de partager les informations et les décisions avec des temps et des lieux adéquats, l'attention pour l'écoute, le soutien psychologique et le tutorat et le besoin des conditions de travail qui permettent la protection de valeurs professionnelles reviennent au centre du débat. Un challenge pour les établissements et des conséquences décisives pour les patients. A l'heure de la mobilité professionnelle, les infirmières n'hésitent plus à mettre en concurrence leurs employeurs potentiels.
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