Résumé :
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Dans un article publié dans ces colonnes en 2011 (n° 373), Patrick Criqui avait présenté une série de scénarios d'évolution possible sur l'énergie et le climat, tenant compte de l'accord signé fin 2009 à la conférence de Copenhague sur le changement climatique. Il y montrait le changement de paradigme qui se profilait, à savoir un recul de l'approche top-down consistant à fixer des objectifs nationaux découlant d'objectifs internationaux formulés lors des grandes conférences, au profit d'une logique bottom-up qui, partant des politiques nationales mises en place dans le domaine de l'énergie et de la lutte contre le réchauffement, permet de dégager des scénarios à l'échelle mondiale. Quelques jours avant la publication de cet article, survenait l'accident de Fukushima, au Japon, relançant les débats sur l'énergie dans la plupart des pays recourant à l'énergie nucléaire. Cet événement, ajouté à la persistance de la crise de la dette, à l'essor des hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste) et au piétinement des négociations internationales sur le changement climatique (Durban), modifie-t-il les scénarios alors envisagés, et dans quelle mesure ? Les auteurs commencent par examiner l'impact de ces évolutions et événements récents sur la conjoncture énergétique et climatique. Puis, après un rappel des quatre scénarios énergétiques mondiaux à l'horizon 2030-2050 élaborés en 2009 (auxquels s'ajoutaient deux scénarios de rupture), ils proposent une mise à jour tenant compte des conséquences du changement de contexte identifiées, en insistant particulièrement sur deux scénarios déterminants : le probable (induisant un réchauffement de l'ordre de 4 °C) et le souhaitable (limitant le réchauffement à 2 °C). Ils proposent enfin divers leviers d'action visant à " rendre possible la trajectoire souhaitable " (accords technologiques, instruments économiques, trajectoires nationales d'émission), sachant que même si l'on y parvient, les sociétés humaines ne pourront pas faire l'économie, à moyen-long terme, d'une substantielle baisse de leurs émissions de gaz à effet de serre.
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