Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA tqkR0xBD. Diffusion soumise à autorisation]. La mortalité des femmes adultes est particulièrement élevée en République démocratique du Congo, et souvent causée par des maladies qui auraient pu être contrôlées, si elles avaient été traitées à temps. Cette étude analyse la séquence des retards et leurs raisons dans l'itinéraire thérapeutique de 60 femmes de Kinshasa, décédées prématurément de causes diverses non immédiatement fatales. Méthode : Soixante femmes âgées de 18 à 49 ans au moment du décès ont été sélectionnées dans les morgues de Kinshasa, entre mars et avril 2004, en écartant celles dont le décès semblait inévitable. L'histoire de leur maladie et de leur décès a été reconstituée sur la base des dossiers médicaux disponibles et des récits collectés dans l'entourage familial et auprès des responsables de quartier. Une analyse qualitative du cheminement de ces femmes a été faite, depuis l'apparition des premiers signes de danger jusqu'au décès, ainsi que des retards survenus à chaque étape du recours aux soins. Résultats : Divers retards ont été identifiés et analysés : le retard de prise de conscience du danger, le retard de décision de recours, le retard lié au recours à des soins alternatifs par attribution des symptômes à une cause culturelle, le retard d'acheminement vers les services par manque d'argent ou de moyens de transport, le retard de prise en charge de la patiente par indisponibilité ou incompétence du personnel soignant ou encore par l'utilisation de structures inappropriées, et enfin le retard d'administration des soins prescrits. À Kinshasa, le retard de prise de conscience du danger, mais surtout les délais de prise en charge correcte dans les services de santé, sont des causes particulièrement importantes du retard d'administration de soins urgents, tandis que le recours à des alternatives non médicales et la mauvaise perception des soins médicaux interfèrent peu. Conclusion : Pour garantir à Kinshasa le droit des patients à des soins de qualité, il faut avant tout renforcer et contrôler les structures de soins. Mais il faut aussi apprendre à la population à identifier les structures de soins appropriées à la gravité du cas, et proposer l'organisation du transport des urgences et le préfinancement de leurs soins.
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