Résumé :
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Edifié à la Libération, le "modèle français" qui a prospéré pendant les Trente Glorieuses poursuit un chemin plus chaotique depuis. Le "modèle français", dont le devenir agite la classe politique, a connu une formidable expansion jusqu'au premier choc pétrolier. Boosté par une croissance dynamique (plus de 5% en moyenne par an entre 1945 et 1975), des rentrées de cotisations abondantes et un syndicalisme alors puissant, il a notamment permis de sortir les retraités de la pauvreté, de donner une couverture santé à presque tous les ménages, d'inciter les Français à avoir des enfants, de doter notre pays de services publics de qualité, de garantir un revenu minimum aux salariés et aux demandeurs d'emploi. Puis sont venues les "trente piteuses", ces années de croissance molle, voire de récession, et la machine sociale s'est progressivement enrayée. Ses résultats sont plutôt calamiteux : un taux de chômage scotché depuis vingt ans aux alentours de 10% ; un nombre croissant de Rmistes et autres exclus du travail ; une éviction de l'emploi des jeunes et des seniors ; un dualisme du marché du travail entre fonctionnaires et salariés en CDI, d'une part, et outsiders abonnés aux contrats précaires, au temps partiel subi ou au chômage, d'autre part ; une protection sociale lourdement déficitaire, financée à crédit sur le dos des générations futures ; un Etat aux performances médiocres et incapable de se réformer ; une intégration des jeunes issus de l'immigration en panne
Alors faut-il remettre en cause notre modèle tricolore, ou bien le remettre d'aplomb ? L'ambition de ce numéro est rétrospective, raconter l'histoire du modèle français et prospective, des experts viennent aider à y voir plus clair sur son devenir.
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