Résumé :
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L'avortement comme pratique de régulation de la fécondité a toujours existé, dans toutes les sociétés et à toutes les époques, la tolérance sociale à l'égard de cet acte variant profondément selon les systèmes de valeurs, les contextes historiques et les arguments démographiques. On estime aujourd'hui que 45 millions de femmes ont, chaque année, recours à l'avortement, dont 19 millions sont pratiqués dans des conditions d'hygiène qui mettent en danger leur santé. Au total 68 000 femmes décèdent des suites d'un avortement et des centaines de milliers de femmes souffrent de pathologies liées aux conséquences d'un acte pratiqué dans de mauvaises conditions sanitaires. Loin d'être une pratique en voie d'éradication, le recours à l'avortement reste fréquent, voire augmente en milieu urbain, dans les pays qui interdisent sa pratique. Dans ceux qui l'autorisent, sa pratique se maintient, y compris dans les pays où la contraception est largement diffusée. La plupart des recherches sur le sujet, sous l'impulsion des organisations internationales, se situent dans des perspectives démographiques ou épidémiologiques. Ce numéro propose, à l'inverse, une approche sociologique de l'avortement, à travers l'étude de situations très contrastées : l'interdiction et la clandestinité totale au Burkina Faso ; la prise en charge médicalisée dans un contexte d'illégalité aux Caraïbes ; la médicalisation légale sur simple demande de la femme en France. A partir de ces contextes diversifiés, il s'agit de comprendre le sens que l'avortement prend pour les acteurs sociaux les plus directement concernés que sont les femmes, mais aussi leurs partenaires et pour les médecins.
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