Résumé :
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La prise en charge des exclus et plus particulièrement des sans abris ou SDF a-t-elle évolué au cours des siècles ? Sommes nous passés d'une politique répressive à une politique d'assistance ? A ces questions, ce dossier répond par la négative. Il fait ressortir d'évidentes permanences dans la politique de prise en charge des sans abri et montre l'ambivalence de la politique actuelle où coexistent en permanence répression et solidarité. Aujourd'hui, l'administration s'efforce d'encadrer l'activité des SDF en dissuadant l'exercice de la mendicité et tente, plus encore, de mettre un terme à leur présence sur le domaine public soit en développement des actions d'évacuation, soit en mettant en place des pratiques de "ramassage" parfois forcés. De même, l'hébergement d'urgence offert par l'Etat et de nombreuses associations caritatives se caractérise par une logique punitive et correspond trop souvent à un système organisé de maltraitance institutionnelle, niant tout droit à l'hébergé : temps très limités d'accueil, lieux inadaptés ne permettant aucune intimité, absence de travailleurs sociaux, sélection des entrants et renvoi pour "faute", création de listes d'indésirables accentuant encore l'exclusion... Ce renforcement de l'exclusion se retrouve également dans le développement des prestations en direction des personnes les plus démunies : ces prestations misent sur des logiques d'insertion et opèrent une discrimination entre les bénéficiaires selon leur plus ou moins grande aptitude à suivre les parcours organisés.
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