Résumé :
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En France, l'introduction d'une relation entre la performance et la rémunération dans la fonction publique soulève controverses et polémiques. Accusée d'être un moyen de consacrer une logique libérale à l'oeuvre dans le secteur public, la rémunération au mérite est, dans le même temps, interprétée comme une réforme visant à renforcer le compromis de 1946, à améliorer la qualité et le rendement des services publics, voire une manière de sanctionner le manque de performance des agents publics, ou encore d'attirer les meilleurs éléments dans la sphère publique. A la croisée des multiples appréciations dont elle fait l'objet, l'auteur examine la rémunération au mérite au regard des principes du droit de la fonction publique et répond à la question suivante : la rémunération au mérite est-elle contradictoire avec les principes de rémunération des agents publics et son caractère statutaire, impersonnel, général et égalitaire ? Cette réflexion se poursuit ensuite par un examen de l'évolution de notre système de fonction publique ainsi que des facteurs et motivations qui ont activé cette évolution. Deux influences peuvent être considérées comme à l'origine de la volonté d'introduire la rémunération au mérite pour les agents publics en France : le New Public Management, mouvement général qui affecte tous les types de fonctions publiques et d'administrations à travers le monde, et le modèle communautaire. Autres détonateurs de cette rémunération au mérite : la question générale de la réforme de l'Etat et la loi organique relative aux lois de finances du 1er août 2001 (LOLF) qui place la justification des dépenses de l'Etat face à des objectifs et à l'évaluation de leurs résultats et oblige ce dernier à abandonner la logique de moyens jusqu'ici à l'oeuvre.
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