Résumé :
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La relation éducative est aussi et peut-être surtout une histoire de corps à corps ! Cette vérité hier évidente est devenue aujourd'hui presque embarrassante. Il y a peu encore, et jusqu'à l'orée des années soixante, l'état souvent embryonnaire des connaissances dont disposaient les éducateurs et le manque de moyen mis à disposition des structures d'accueil rendaient les rapports physiques assez présents et prégnants au quotidien. Les sanctions corporelles, les techniques d'enfermement ou de contention, le recours aux activités sportives pour sublimer les tensions relationnelles ou sexuelles étaient autant de moyens couramment et banalement utilisés. Le corps était ainsi le vecteur privilégié de la relation éducative. Dés lors, son envers, à savoir la violence institutionnelle, était lui aussi une réalité. Depuis, d'autres arguments et savoir-faire pédagogiques sont venus prendre le relais ; et c'est heureux ! Mais sans doute que le curseur a été poussé un peu trop loin. D'une part, parce que toute sanction corporelle (un coup de pieds aux fesses, une gifle, un corps à corps défensif, etc.) vaut désormais pour de la maltraitance et peut conduire son auteur, fut-il éducateur, devant la justice. D'autre part, parce que le corps est forcément sexué, au risque d'être un objet sexuel, et que tout rapport au corps est source de sensations confuses et de sentiments ambivalents. Dans les institutions et au cur des équipes, la relation au corps de l'autre demeure un sujet tabou et un objet de malaise dans les pratiques et les discours. De la peur de la maltraitance à la hantise de l'abus sexuel, la relation éducative semble désormais faire le choix de la mise à distance de l'autre, et de son corps. Dans ce contexte, le recours aux activités physiques et sportives vise d'autres objectifs que la pratique d'une activité et l'occupation de la personne ; que ce soit par le biais de la compétition ou d'un parcours de formation, l'approche du corps par le sport conduit inexorablement à une meilleure connaissance de soi et des autres.
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