Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS 6228pR0x. Diffusion soumise à autorisation]. Objectif : Les pays en transition sont généralement caractérisés par des infrastructures statistiques de mauvaise qualité et par le manque d'informations essentielles. Nous avons utilisé ici des données concernant la descendance pour étudier les tendances de la mortalité chez les hommes et les femmes âgés et mariés, à travers une enquête multi-objectifs auprès des ménages, menée en 2002 dans les banlieues de Beyrouth au Liban, un pays ravagé par près de 16 années de guerre. Méthodes : A partir d'un échantillon aléatoire de 1520 personnes interrogées, dont l'un ou l'autre des parents, voire les deux, avaient dépassé 65 ans, on a obtenu des informations sur 1172 pères et 1108 mères. On a estimé les taux de mortalité par âge et par sexe pour 1000 personnes-ans. Puis on a analysé le risque de mortalité par régression (log-linéaire) de Poisson sur trois cohortes constituées en fonction de la période de naissance, à savoir les personnes ayant atteint l'âge de 65 ans respectivement avant, pendant (1975-1990) et après les hostilités dans le pays. Résultats : Au total, 1037 décès parentaux ont été rapportés, ce qui a permis de déterminer un taux de mortalité global de 48,7 pour 1000 personnes-ans (51,4 parmi les hommes et 45,3 parmi les femmes). Par rapport à la cohorte de personnes ayant atteint 65 ans avant 1975, ce sont les adultes parvenus à 65 ans pendant les années de guerre (1979-1990) qui présentaient les plus fort taux de mortalité, qu'il s'agisse des hommes [rapport de proportion=1,48 ; intervalle de confiance à 95% (IC)=1,07-2,04] ou des femmes [rapport de proportion=1,22, IC à 95%=0,95-1,58]. Le risque de mortalité était significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes, une sexospécificité notablement plus importante pour la cohorte ayant atteint 65 ans entre 1975 et 1990. Conclusion : II s'agit de la première étude en population menée au Liban pour quantifier les schémas de mortalité parmi des cohortes d'adultes âgés et mariés. Ses résultats laissent à penser que les hostilités ont contribué à réduire le taux de survie, en particulier chez les hommes. La démarche utilisée représente une solution viable à tester dans des enquêtes de plus grande envergure ou dans des recensements de population ayant pour cadre des pays manquant d'infrastructures statistiques fiables.
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