Résumé :
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Cet article vise à retracer un courant méthodologique et théorique de l'anthropologie de la maladie qui a débuté aux Etats-Unis à la fin des années soixante. Cette approche avait pour but la mise en forme classificatoire ou taxinomique des termes relatifs à la maladie dans les sociétés à tradition orale. Ce courant ethnolinguistique - appelé par des anthropologues américains "ethnosémantique" - a permis de faire valoir la grande richesse des termes vernaculaires utilisés pour désigner la douleur et décrire les maladies. Il a enrichi nos connaissances sur les représentations de la maladie des populations des pays en développement. Il a aussi été utilisé par le milieu médical pour mieux comprendre les plaintes des malades ainsi que les "ethno-théories" construites par les individus pour donner un sens à leur souffrance. A partir des années quatre-vingt, des critiques ont été formulées à l'égard de cette approche qui ne prenait pas suffisamment en compte, pour certains, le contexte "clinique" des pathologies décrites, ainsi que la variation des discours d'énonciation selon les milieux sociaux. Pourtant, ceux qui ont été à l'origine de ces critiques sont souvent les mêmes que ceux qui ont contribué à enrichir ce courant : apparaissent ainsi les notions de "réseaux sémantiques de la maladie", de "chaînes représentations complexes", de "modèles explicatifs".
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