Résumé :
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La gestion politique de l'immigration est souvent apparue sous une forme paradoxale. Soucieuse d'assurer la dissolution des immigrés dans le corps national, elle s'est appuyée sur des dispositifs d'intervention qui ont contribué à reproduire la spécificité de certaines populations immigrées. Ce paradoxe est particulièrement mis en évidence dans les politiques de l'habitat qui ont tenté, de manière différente selon les périodes historiques, de résoudre le dilemme de la spécificité et du droit commun. Les contributions au dossier dressent un bilan du traitement réservé aux immigrés dans les politiques de l'habitat. Trois périodes sont abordées, chacune correspondant schématiquement aux grandes phases d'installation des immigrés en France dans l'après-guerre. Elles incarnent trois formes idéales typiques, différentes mais souvent combinées, de prise en compte de l'immigration dans les politiques publiques : la diversion, la stigmatisation et la scotomisation. Ce bilan participe également, à sa manière, à la réévaluation du "modèle français d'intégration". On sait qu'avec le développement de la politique de la ville, la gestion de la diversité ethnique et sociale est l'un des enjeux centraux des années à venir. Ces regards historiques ou actuels apportent un éclairage précieux sur les contradictions et les limites de la réponse française à la société multiculturelle.
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