Résumé :
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En suivant chacun son propre chemin et sa propre démarche, essentiellement empiriques ou plus spéculatifs selon les cas, l'historien, l'économiste, le sociologue et le philosophe s'accordent pour reconnaître qu'en nous conduisant inévitablement au-delà de la nature, les questions écologiques nous révèlent la présence privilégiée de l'homme au sein de la nature, comme celle du sens qu'elle ne peut avoir sans lui, puisqu'elle demeure alors impensée. Mais à cause de l'homme également, la nature court le risque de se voir attribuer un sens dévoyé puisque mal ou insuffisamment pensé, et par voie de conséquence, des usages aussi inopportuns que malavisés. Ces constats ne doivent pas pour autant nous faire prendre le parti d'un relativisme généralisé. Il serait en même temps erroné et dangereux de conclure de l'intrication à la confusion, de réduire l'activité scientifique ou d'expertise à ses dimensions sociopolitiques, et de ne voir dans les écologues et dans les écologistes que les membres de groupes de pression parmi d'autres. On pourrait en arriver ainsi à penser que la "crise écologique" contemporaine est sans fondement objectif, qu'elle est affaire seulement de représentations, voire de fantasmes, et peut finalement être ramenée à une construction sociale à ses avatars. On biaiserait de ce fait l'instauration d'un véritable débat public sur les questions environnementales, puisqu'on leur refuserait toute espèce d'extériorité par rapport aux conflits idéologiques... (R.A.).
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